La violence envers le personnel de soutien scolaire atteint des sommets inégalés

20 novembre 2023

La Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) répète depuis de nombreuses années qu’il faut agir rapidement au sujet de la violence dans nos écoles, tant pour protéger les élèves que le personnel scolaire. À la suite du reportage de Radio-Canada sur la situation dans une école régionale, nous avons la preuve irréfutable que cette violence envers le personnel de soutien scolaire atteint des sommets inégalés.

Le personnel dans les services directs aux élèves, dont les techniciennes et techniciens en éducation spécialisée, les préposées et préposés aux élèves handicapés et les surveillantes et surveillants d’élèves, est en première ligne pour faire cesser la violence dans les écoles, mais se retrouve malheureusement, et trop souvent, victime des élèves qu’ils souhaitent aider.

Le président de la FPSS-CSQ, Éric Pronovost, souligne qu’« il n’est pas normal que des personnes aillent travailler la peur au ventre et qu’elles soient en hypervigilance constante lorsqu’elles se déplacent. Il faut que le ministre de l’Éducation rende les milieux scolaires sécuritaires pour le personnel scolaire et pour les élèves. La dernière annonce du ministre de l’Éducation, en matière de prévention de la violence, ne répond pas à ces besoins ».

Manque de ressources

Le manque criant de ressources dans le réseau scolaire y est pour beaucoup. Le personnel de soutien scolaire doit souvent se contenter d’agir dans l’urgence et d’éteindre les feux, plutôt que d’agir en amont, afin de prévenir les situations de violence. Il y a un niveau d’urgence supplémentaire pour les écoles régionales et suprarégionales qui ont des missions pour des clientèles spécifiques.

Éric Pronovost renchérit : « L’information et la formation sont souvent inadéquates. Des remplaçants qui arrivent comme un cheveu sur la soupe et qui ne connaissent aucunement les dossiers des élèves et qui ne sont pas formés pour intervenir adéquatement auprès des élèves qui se désorganisent et qui deviennent une menace pour les autres élèves et le personnel scolaire, c’est inacceptable et ça doit changer. »

Il ajoute : « Se faire agresser, on va arrêter de dire que ça fait partie de la job. On ne doit plus tolérer le fait que ce soit rendu la norme qu’un membre du personnel de soutien scolaire reçoive des coups plusieurs fois par jour, chaque jour, ni qu’il quitte sa journée de travail sur une civière. »

Depuis 1999, des politiques gouvernementales ont été mises sur pied, afin d’offrir de meilleurs services aux élèves handicapés et en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA). Certaines d’entre elles prévoient une collaboration entre le réseau de la santé et de l’éducation, afin de mieux répondre aux besoins des EHDAA. Or, la majorité de ces politiques n’ont pas été mises à jour depuis leur entrée en vigueur, soit depuis environ 20 ans.

Le leader syndical rappelle que « le nombre d’élèves HDAA a grandement augmenté depuis 20 ans. Entre 2012 et 2022, la quantité d’élèves HDAA intégrés en classe ordinaire a augmenté de 31,7 %.  Toutefois, les services prévus dans les politiques gouvernementales, eux, n’ont pas suivi cette augmentation, bien au contraire. »

La pénurie de personnel dans les réseaux de la santé et de l’éducation a des effets dévastateurs pour les élèves les plus vulnérables. En 2021, le ministre de l’Éducation a demandé un dénombrement des situations complexes des élèves du préscolaire, primaire et secondaire, vivant ou ayant vécu un bris de service. On y apprend que sur 1 481 élèves qui ont vécu une telle situation, seulement 496 bénéficient du mécanisme de concertation ou de résolution de situations complexes mis en place avec les partenaires du réseau de la santé et des services sociaux.

Éric Pronovost conclut que « le réseau scolaire, à lui seul, ne peut pas avoir toute la responsabilité d’aider les élèves qui en ont le plus de besoin. L’école et les parents font de leur mieux, mais nous constatons que nous sommes rendus à bout de ressources. Il est devenu essentiel d’avoir une collaboration constante entre les divers réseaux, et ce, dans l’intérêt des élèves. »