30 septembre 2022
La violence est devenue un véritable fléau en milieu scolaire alors qu’un sondage réalisé par la firme Ad hoc recherche, en collaboration avec la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), révèle qu’au cours de l’année 2021-2022, pas moins de 74 % des membres du personnel de soutien scolaire interrogés ont subi de la violence au travail.
« Ce sondage a été réalisé quatre ans après celui de 2018 et le problème n’a pas été réglé, il s’est même amplifié », mentionne Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ. En effet, le nombre de personnes ayant subi de la violence est passé de 71 % à 74 % entre 2018 et 2022.
Les élèves continuent d’être la première source de violence
Parmi le personnel de soutien scolaire qui se déclare victime de violence, huit personnes sur dix (81 %) identifient les élèves comme une source d’incident, ce qui en fait la principale cause de violence en milieu scolaire. En outre, les élèves sont les principaux instigateurs des violences physiques et non physiques. La moitié des répondants leur attribue la responsabilité d’agressions physiques (48 %) et les deux cinquièmes des employés interrogés les accusent d’autres formes de violence (42 %).
Les parents d’élèves et les collègues de travail s’imposent à quasi-égalité comme la deuxième source de violence (respectivement 29 % et 27 % des attributions par les victimes), très majoritairement non physique.
Les sources de violence varient toutefois selon les profils de victimes
Les victimes issues des services directs aux élèves (90 %), celles qui sont formées à l’intervention de crise (89 %), mais aussi les femmes (83 %), les employés âgés de 45 à 54 ans (85 %) et le personnel travaillant depuis 10 à 14 ans en éducation (89 %) rapportent davantage de violences infligées par les élèves.
Le personnel de soutien scolaire fait face à deux types de violence
La moitié du personnel de soutien scolaire (51 %) déclare avoir été victime d’altercations physiques et les trois cinquièmes de violences autres que physiques (61 %). Ces deux types de violence se maintiennent au même niveau qu’en 2018.
Le personnel en contact direct avec les élèves et celui formé à l’intervention de crise sont, quant à eux, plus exposés à ces deux types de violence.
La nature des gestes de violence physique s’exprime par des coups (54 %), se faire lancer des objets (46 %), des bousculades (38 %), des égratignures et des éraflures (32 %), se faire pincer (25 %) et par des crachats (23 %).
La nature des gestes de violence autre que physique correspond à des cris (58 %), des blasphèmes ou des sacres (57 %), des propos injurieux (51 %), de l’intimidation et des menaces (41 %), du harcèlement (19 %) et des appels agressifs (16 %).
Des gestes qui ne sont pas dénoncés
Seulement 10 % des employés ayant subi de la violence remplissent systématiquement les rapports d’incident-accident. À l’inverse, trois victimes sur cinq (60 %) ne s’y attèlent jamais, soit cinq points de plus qu’en 2018.
Les freins à remplir des rapports d’incident-accident sont multiples. Le manque d’utilité (47 %) et la minimisation de la gravité des faits (32 %) sont les deux motifs les plus évoqués pour justifier l’absence de rapport d’incident. Par ailleurs, parmi les motifs les plus évoqués, le quart des victimes n’ayant jamais rempli de rapport (25 %) affirment également craindre de détériorer leurs relations avec la direction, préférant ainsi l’autocensure.
Mentionnons que 1 617 personnes ont participé au sondage, qui a été réalisé entre le 22 avril et le 1er juillet 2022. La marge d’erreur maximale associée à l’enquête est de 2,4 % à un niveau de confiance de 95 %.
Urgence d’agir
Pour le président de la FPSS-CSQ, Éric Pronovost, les résultats de ce sondage démontrent que la situation ne s’est pas améliorée au cours des quatre dernières années.
« Malgré les plans de lutte contre l’intimidation et la violence, les interventions auprès des décideurs et d’une conscientisation de la population, c’est encore pire qu’avant. Qu’avons-nous besoin de plus pour sonner l’alarme? Il faut que des actions soient mises en place rapidement dans nos écoles et nos établissements scolaires pour corriger la situation, on ne peut tolérer ça encore plus longtemps, car il en va de la sécurité et de la santé du personnel de soutien scolaire », plaide Éric Pronovost.
Des causes à corriger
Ce dernier croit qu’il faut trouver des solutions sans tarder pour essayer d’éviter le plus possible que de telles situations inacceptables continuent de se produire.
« Plusieurs raisons peuvent expliquer ce déferlement de violence dans nos écoles et établissements. Lorsqu’il y a moins de personnel pour assurer les services directs aux élèves, il n’est pas possible de faire autant de prévention qu’on le souhaiterait et il est plus difficile d’intervenir rapidement. Il faut aussi que les décideurs prennent la situation au sérieux. Il faut cesser de dire que cela fait partie de la job et refuser les situations inacceptables, il faut que cela cesse. Nous avons besoin de gestes concrets! », dénonce le président de la FPSS-CSQ.